Oubliés (Les) (2016)

 

Land of Mine

Réalisé par Martin Zandvliet

Avec Roland Møller, Mikkel Boe Følsgaard, Laura Bro
Pays:   Allemagne,   Danemark
Genres : Drame, Guerre, Histoire
Durée : 1 h 50 min
Année de production : 2015
8.25/10

Afficher l'image d'origineBooM! Aimeriez-vous vous faire surprendre? Méconnu des livres d’histoire, lors de la Seconde Guerre mondiale, les hommes tombés au combat vont alors laisser derrière eux des champs de mines sur les territoires ennemis. Dès lors où sonne la fin de la guerre, les jeunes Allemands, prisonniers d’après-guerre, réquisitionnés par les Alliés vont devoir désamorcer près de deux millions de mines qui somnolent sous terre en attentent d’être déminées ou d’exploser. Un sombre chapitre de l’Histoire du Danemark dont la haine viscérale de l’envahisseur va être confronter au regard philanthropique de l’homme.

C’est d’abord sans compassion aucune que le Sergent Carl Rasmussen envoie quatorze garçons sur les plages danoises où un seul faux-pas peut être fatal. On le sait et on l’attend, l’explosion peut être soudaine. Dès les premiers entrainements, le réalisateur joue avec nos nerfs. Chaque soldat va désamorcer une mine sous notre regard impuissant. Sous tension, nous écoutons les grains de sable s’enrailler dans le filetage du bouchon hexagonal qui va permettre d’atteindre la tête de persécution. Tout en gardant son sang-froid, en maniant autant la délicatesse que la rapidité, nous attendons le moment où le détonateur est isolé, pour se pencher sur une prochaine mine! Et là où la mise en scène est judicieuse c’est que lorsqu’une mine explose, même si on s’y attend, on sursaute!

La relation entre le sergent et les jeunes adolescents va rapidement prendre de l’ampleur pour devenir le centre du film. La tonalité est extrêmement juste. Entre l’acharnement et l’attendrissement, il faudra du temps pour que les intentions basculent. La haine contre l’ennemi qui a tué pendant des années est compréhensible. Derrière ces regards se cachent des jeunes garçons parfois innocents, envoyés par leur nation, pour combattre l’ennemi. Au-delà du défi technique, on se pose consentement la question sur cette façon archaïque de déminer les charges. On aurait pu penser faire rouler des bidons sur la plage, faire traverser des véhicules poussant à l’avant une charge pour déclencher les bombes. Mais, c’est à plat ventre que ce déminage se transformera finalement en véritable vengeance.

La mise en scène est sobre confortée par une splendide photographie rendant les magnifiques paysages de sable blanc éclatants, avec de jolis plans aériens, sans oublier toute la terreur enfouie en dessous. Si les déflagrations surprenantes ont des conséquences sanguinolentes, elles sont nécessaires pour comprendre cette guerre, qui fut fatale pour beaucoup d’hommes. Outre un sans-faute sur la photographie, le scénario révèle des personnages inspirés. Si la totalité des jeunes sont remarquables dans leur rôle, on est encore plus impressionné par l’interprétation du sergent Rasmussen joué avec étincelant Roland Møller. Froid, menaçant mais humain, il est révèle un film qui offre un message de paix et d’empathie envers les ennemis d’hier et soulève la question de la transformation de la haine en empathie dans un monde qui n’est que chaos et destruction. De quoi nous laisser songeur quand on sait que l’œuvre a été reporté en Belgique pour cause d’attentat.

Ode à l’humanité, Land of Mine surprend par ses détonations mais aussi par ses émotions. L’ennemi est avant tout un homme et quand il est jeune et insouciant, difficile de ne pas s’attacher. Le film réussit le pari d’exorciser cette sombre page de l’après-guerre, avec un sentiment d’apaisement face à la leçon de vie que le réalisateur nous enseigne. Une œuvre explosive et cruelle, aussi pédagogique qu’intense.

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