Réalité (2015)

Réalité

Réalisé par Quentin Dupieux

Avec Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez
Pays:   France
Genres : Comédie
Durée : 1 h 27 min
Année de production : 2014
4.5/10

Afficher l'image d'origineLe cinéma de Quentin Dupieux est particulier. On le sait mais on ne peut pas s’empêcher de découvrir son monde, sa vision totalement absurde du 7ème part. Son cinéma a le mérite de nous surprendre même s’il est tout autant difficile de le comprendre.

Dupieux faiseur de cinéma oppressif, créateur de frustration, il ne peut nous empêcher de froncer les sourcils sans rien comprendre, créer l’angoisse d’être face à un film résumant la page blanche. La concentration est telle que même si c’est long, on reste captif devant une trame qui nous ébranle. Même si on fait murir l’œuvre, il est difficile de comprendre ce qu’a voulu transposer son réalisateur. Parce que lui non plus n’a certainement pas toutes les clés, et on a parfois l’impression qui se moque du spectateur et de la critique qui veut intellectualiser son cinéma. Si son premier film s’intitulait « Nonfilm », il résume finalement l’intégrale de sa filmographie.

S’il est difficile de résumer ce film, on apprécie sa construction parce qu’au final, on comprend ce que l’on a envie de comprendre. Une VHS trouvé dans l’estomac d’un sanglier, un homme habillé en souris, Lambert qui snipe des surfeurs pendant une discussion, un travesti barbu qui déambule, tout n’est pas expliqué mais chacun y verra un sens (ou non-sens), même si l’inutilité de certains passages pèsent sur la narration ambitieuse de Dupieux. En français, en anglais, les dialogues cohabitent. Mais la force du film vient de son duo d’acteurs. En effet, Alain Chabat face à Jonathan Lambert c’est drôle. Bizarrement on les sens dans leur élément, dans un humour particulier qui peut faire rire alors rien ne l’oblige.

Même si les choses s’opposent directement à leurs contraires, cette notion de réalité augmentée et de rêve imbriqué rend le spectateur stoïque, parfois rêveur. C’est un délire auquel il faut adhérer mais uniquement si on a adopté la méthode Dupieux. Le problème de ce cinéma c’est la « redécouverte ». Sans le détester, j’ai du mal à me projeter dans un nouveau visionnage, pourtant bien utile pour ce genre d’œuvre. On ne va pas voir un Dupieux pour se détendre, je ne suis pas fan du cinéaste et pourtant c’est une fierté de l’avoir chez nous.

Enfin, cette musique parlons-en car vous pouvez avoir les oreilles qui saignent! Ce n’est pas l’alter égo du réalisateur, aka lui-même (Mister Oizo) qui se penchera sur la musique. L’unique partition de Philip Glass donne une nature surnaturelle aux images mais surtout rend dingue et il faut l’être encore plus pour la mettre durant tout le film. Beaucoup passe le cap du suicide après avoir écouté le thème musical en entier, comme certains qui verront tout simplement le film.

Marginal, décalé, peu accessible, le spectateur navigue en eaux troubles dans le concept Dupieux. Créateur d’images et manipulateur de réalité, Dupieux s’expose aux incohérences et aux absurdités dans un monde qui lui est propre. Il aime nous travailler l’esprit à défaut de nous laver le cerveau, il faut adhérer à son label « no reason » sans trop chercher à comprendre les aboutissants. C’est du Dupieux!

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