Petite Dernière (La) (2025)

 

Synopsis: Fatima est la cadette d’une famille d’immigrés algériens. De son lycée de banlieue, elle intègre une classe préparatoire huppée. Entre le passage de la frontière sociale, son désir pour les femmes qu’elle a du mal à assumer et sa foi musulmane qui s’y oppose, Fatima va devoir affronter ses identités multiples. A mesure qu’elle prend ses distances avec la tradition familiale et débute sa vie de jeune femme, elle découvre de nouveaux codes.

 

La Petite Dernière

Réalisé par Hafsia Herzi

Avec Nadia Melliti, Park Ji-Min, Amina Ben Mohamed
Pays:  France,   Allemagne
Genres : Drame
Durée : 1 h 46 min
Année de production : 2025
5.5/10

Avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi adapte librement le roman de Fatima Daas et livre un drame d’initiation intimiste, centré sur une adolescente musulmane en banlieue parisienne, en plein éveil de son homosexualité. Le film, salué à Cannes avec la Queer Palm et le prix d’interprétation féminine, s’inscrit dans une veine réaliste, sobre, presque documentaire, mais ne parvient pas toujours à maintenir son intensité émotionnelle.

Herzi filme avec délicatesse, souvent caméra à l’épaule, captant les silences, les regards, les non-dits. Le dispositif fonctionne : on sent une volonté de respect profond pour chaque personnage, sans jamais verser dans le didactisme ni le manichéisme. La réalisatrice questionne plus qu’elle ne répond, et c’est dans cette pudeur que réside sans doute la plus grande force du film.

Cependant, cette approche retenue finit aussi par révéler les limites du projet. L’écriture manque parfois de relief, et certains dialogues sonnent plats, presque effacés. Le récit avance lentement, sans tension dramatique marquée, et donne par moments l’impression de tourner en rond.

Côté casting, Nadia Melliti incarne le rôle principal avec sincérité. Elle est juste dans son interprétation sans livrer une grande performance, dans la retenue, ce qui colle au personnage. Sa performance, bien que cohérente, ne provoque ni émotion forte ni véritable mémorisation. Elle joue son rôle, sans éclat.

La Petite Dernière est un film respectueux, nécessaire dans son propos, mais qui manque d’ampleur cinématographique. La scène d’intimité, entre l’héroïne et une autre jeune femme, est filmée sans nudité explicite, ni mise en scène érotisée. L’approche est émotionnelle avant d’être physique : la caméra reste à distance, capte les gestes, les hésitations, les regards. On y perçoit des intentions louables, des scènes touchantes, une discussion mère-fille, un moment suspendu dans une mosquée, mais l’ensemble reste trop discret, presque effacé. À force de tout suggérer, le film laisse parfois le spectateur sur le bord du chemin.

Un film sincère et courageux dans son sujet, mais trop lisse et inégal pour marquer durablement.

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