Pleasure (2022)

Pleasure

Réalisé par Ninja Thyberg

Avec Sofia Kappel, Zelda Morrison, Tee Reel
Pays:  France,   Pays-Bas,   Suède
Genres : Drame
Durée : 1 h 49 min
Année de production : 2021
4.5/10

Screenshots - PleasureEn 2013, Pleasure de Ninja Thyberg avait déjà fait parler de lui dans la section « court-métrage » de la Semaine de la Critique à Cannes. Avec une vision à la fois irritante et drolatique, de la situation d’une pornstar en phase de préparation d’une double pénétration, le court-métrage se suffisait à lui-même.

Mais l’exploitation plus longue, XXL, n’était pas une mauvaise idée surtout si elle est assumée. Près de dix ans plus tard, la réalisatrice Ninja Thyberg ose le faire.

Pleasure dévoile l’envers du décor de l’industrie du porno, outrepassant la critique morale de la pratique. Ce film si particulier, et on l’attendait aussi pour ça, alterne les dialogues pompeux sur la libération de la femme et les scènes de tournage de scène porno. Pleasure ne dévoilera jamais de scène de sexe a proprement dit, il nous conditionne plutôt au milieu toxique, et, à l’encontre de toute sensualité qui gravite autour du sexe. Le film démontre à quel point l’industrie du porno n’est pas là pour soigner une blessure narcissique (altérations du sentiment d’amour et d’estime pour soi-même).

Néanmoins, à travers la seule vision très réduite et limitée d’une actrice, on suit sans grande éloquence ses motivations réelles à faire du porno. Fait-on du porno pour l’argent, le sexe, le frisson, la recherche de soi, par passion ? L’image dégradée de la femme est ici fortement prononcée. Pleasure n’est pas très optimiste sur un monde régi par essentiellement des hommes, qui contrôlent ici le désir à travers des œuvres volontairement trash même si les images sont finalement peu sexualisées (putain, ça manque de boobs!). Plastiques reluisantes, verges en érection, le spectacle, aux allures de documentaire, est au demeurant peu attractif, avec l’unique intérêt d’être réaliste. C’est la violence qui prône, même si la mise en scène utilisera un effet « cut » blanc et noir servant à retranscrire les moments où les sévices sont tellement grandes que la vision se met en veille pour ne pas l’endurer. Malheureusement, la réalisatrice s’embourbe dans l’unique complaisance de décrier les dégradations faites aux actrices. En 2023, est-ce toujours vrai ?

On aurait simplement aimé que le film soit plus approfondi, car la réalisatrice oublie bon nombre de points essentiels à aborder, qu’ils soient positifs ou négatifs, en passant par la drogue (évoquée par une rapide injection), aux MST (suggérée par un rapide lavement vaginal) ou de la sexualité désirée et non-passive des actrices/acteurs… Ici, les fantasmes ne sont pas toujours en concordance avec le passage à l’acte et peuvent devenir douloureux tout autant physiquement que mentalement.

Pleasure résume le côté toxique de l’industrie pornographique, mais ne révélera pas les motivations psychologiques profondes de ses personnages. Allez, vous pouvez retourner voir votre dernier Marc Dorcel!

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