Réalisé par Avec Aissatou Diallo Sagna, Esther Gohourou, Suzy BembaPays: Genres : Drame Durée : Année de production : |
| 7/10 |
Les habituelles polémiques Cannoises sont de retour! Ici, ce sont des gestes déplacés et des subventions du CNC retirés, pour scène de sexe, qui font parler du dernier film de Catherine Corsini, cette année sur la Croisette. Si la controverse survolte le ressenti du spectateur, le film va rapidement faire fi du tapage médiatique, pour s’implanter de lui-même dans la programmation du festival.
Le Retour est une histoire d’adolescents qui s’adonnent aux premières transgressions et tentations estivales en Corse. À travers des paysages, qui ne peuvent que nous faire rêver, on y découvre aussi un mystérieux drame familial lié au statut social et ethnique de ses personnages.
A travers la crise identitaire, les premiers émois amoureux et expérimentations en tout genre, le parcours des deux sœurs, que tout oppose, va dévoiler des moments ambivalents, touchants et drôles. Le scénario, assez facile à dérouler, dévoile trois portraits de femmes qui se construisent en opposition. La mère qui vient se ressourcer, voit surtout ressurgir les souvenirs douloureux d’un passé secret lié à un événement tragique survenu plusieurs années auparavant sur l’île de beauté. Le film est d’ailleurs construit narrativement autour de ce secret, qui se dévoilera que temporairement, au fil de la narration. La grande sœur, Jessica qui s’adonne aux études pour gravir les échelles sociales, tandis que Farah se rebelle à tout bout de champ, passant du personnage agaçant en truculente adolescente à la répartie bien affirmée. Virginie Ledoyen et Denis Podalydès viendront faire leur petite apparition, sans grande conviction, sur des personnages peu écrits et/ou utiles.
Sur le papier, l’histoire est simpliste et presque oubliable. Il n’est pas évident d’intéresser sur grand écran le parcours initiatique de deux frangines dans leur velléité de vivre. Mais les actrices débordent tellement d’énergie avec une présence enivrante, qu’elles arrivent à donner de l’intérêt à ce spectacle, pourtant aux allures de téléfilm. Remémorons-nous surtout à la fête, dont la scène du lavabo qui explose, offre son lot de rires et de sensualité. Un moment jovial qui semble être, aujourd’hui, le franchissement indispensable pour raconter l’émancipation des adolescents.
Enfin, le film nous cueillera tout de même sur la dernière partie, avec la résurrection d’un sujet en fil rouge un peu trop discret, dévoilant sa conclusion autour de l’attachement familiale, le drame intérieur et le choc des cultures.
Le retour ne se démarque ni sur le fond, ni sur la forme. Mais l’énergie des acteurs permet de rendre le film attachant et divertissant.
