Simple accident (Un) (2025)

 

Synopsis: Après un simple accident, les événements s’enchaînent...

 

Un simple accident

Réalisé par Jafar Panahi

Avec Vahid Mobasseri, Maryam Afshari, Ebrahim Azizi
Pays:  France,   Iran,   Luxembourg
Genres : Drame, Thriller
Durée : 1 h 41 min
Année de production : 2025
5/10

Récompensé par la Palme d’Or en 2025, Un simple accident de Jafar Panahi s’inscrit dans la lignée des choix engagés du Festival de Cannes. Mais si le geste de remettre le prix à un cinéaste opprimé par son régime trouve toute sa légitimité sur le plan politique, le film lui-même, en tant qu’œuvre de cinéma, ne marquera pas durablement l’histoire du festival. Car cette Palme d’or, aussi noble soit-elle dans son intention, semble plus reposer sur le contexte que sur la force du film.

Jafar Panahi continue de tourner clandestinement, avec les moyens du bord. Un simple accident s’inscrit dans cette veine minimaliste, quasi-documentaire. Le récit, centré sur un étrange voyage initiatique – ou plutôt un faux road movie – partage plusieurs similitudes avec Hit the Road, son précédent film. Le décor est épuré et les dialogues économes. Un simple accident peine à déployer toute sa puissance dramatique, s’enlisant dans une succession de témoins qui, à force de répétition, donnent au récit un caractère redondant.

Le film choisit de ne pas montrer, mais de raconter. La violence, la peur, l’oppression ne sont jamais frontalement exposées. Le réalisateur opte pour une narration discrète, où les témoignages prennent le pas sur l’action. Ce parti pris – sans doute contraint autant que choisi – confère au film une tonalité simpliste laissant parfois le spectateur à distance. L’émotion reste en suspens, jamais pleinement incarnée. En laissant les motivations et l’identité des personnages volontairement floues jusqu’à la fin, le réalisateur installe une forme de frustration.

Comparé à d’autres Palmes d’or récentes ou à des films à la dramaturgie forte comme Incendies de Denis Villeneuve, Un simple accident apparaît plus modeste, voire mineur. Là où certains films marquent par leur mise en scène audacieuse, leur souffle tragique ou leur capacité à faire dialoguer l’intime et le politique, celui-ci reste cantonné à un registre quasi confidentiel. Son message est fort, sa forme, beaucoup moins.

Il ne s’agit pas de nier l’importance d’un film comme celui-ci, ni de remettre en cause la démarche de Jafar Panahi. Mais en couronnant Un simple accident, le Festival de Cannes semble avoir préféré le symbole politique au produit cinématographique. Une décision compréhensible dans le contexte géopolitique actuel, mais qui fera sans doute de cette Palme 2025 un souvenir plus diplomatique qu’artistique.

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