Synopsis:
Réalisé par Avec Aleksandr Kuznetsov, Anna Chipovskaya, Andrey MerzlikinPays: Genres : Thriller, Science Fiction Durée : Année de production : |
4.75/10 |
N’est pas Gravity qui veut. Le film russe Free Fall s’inscrit dans la lignée des huis clos spatiaux angoissants, mais s’apparente davantage à un écho affaibli qu’à une véritable alternative au chef-d’œuvre d’Alfonso Cuarón. Dès les premières minutes, le spectateur familier du genre ressent une impression de déjà-vu : un accident, un astronaute isolé, une survie précaire dans l’espace. Rien de bien neuf sous les étoiles.
Le scénario, campé dans un futur proche, aurait pu injecter un peu de fraîcheur dans ce canevas éprouvé. Hélas, il se contente d’enchaîner les péripéties spectaculaires — collisions, blessures, combinaison déchirée — sans parvenir à instaurer un véritable suspense ni une montée en tension cohérente. Trop d’invraisemblances viennent miner la crédibilité de l’ensemble, et Maxim, le héros, finit par ressembler à une bille de flipper projetée d’un bout à l’autre de l’espace sans réel fil conducteur.
Au milieu de ce chaos spatial, un élément intrigant surnage : la mystérieuse voix d’Anna, qui accompagne Maxim tout au long de sa dérive. Cette présence brise le sentiment d’isolement, mais le film échoue à exploiter l’ambiguïté de ses intentions. Qui est-elle vraiment ? Pourquoi est-elle seule à lui parler ? Les réponses n’arrivent que trop tard, sans véritable impact dramatique.
Le personnage de Maxim, seul visible à l’écran, tient tout de même la barre avec une performance honnête. Il réagit avec justesse, entre panique contenue et instinct de survie. On retient notamment une scène particulièrement anxiogène où l’astronaute manque de se noyer dans son propre casque — moment fort, bien que son issue soit attendue. Mais son personnage manque de profondeur : aucune attache, aucun passé. Sans ancrage terrestre, sa lutte pour la survie perd en émotion.
Visuellement, Free Fall oscille entre le séduisant et le brouillon. Certains plans de l’espace sont grandioses, la station détaillée, et l’immersion réussie grâce à une caméra qui s’infiltre dans la combinaison du héros. D’autres séquences, en revanche, souffrent d’un excès d’effets numériques peu maîtrisés, donnant une impression de fouillis et de textures bâclées. La direction artistique manque de constance, comme si l’esthétique hésitait entre réalisme et jeu vidéo. La bande originale, quant à elle, soutient efficacement le récit, entre tensions dramatiques et respirations mélancoliques.
Free Fall n’est pas un mauvais film, mais il laisse un goût d’inachevé. Son potentiel thématique et émotionnel est sous-exploité, ses effets de style trop inégaux pour compenser un scénario qui tourne en rond. Le film se regarde, parfois avec plaisir, souvent avec distance, mais ne marque ni l’esprit ni le cœur. Un rendez-vous manqué avec les étoiles.