Synopsis:
Réalisé par Avec Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent ColombePays: Genres : Action, Thriller, Horreur, Drame Durée : Année de production : |
8/10 |
Pour un premier long-métrage, et qui plus est, une production française, Revenge impressionne par la maîtrise formelle de sa réalisatrice Coralie Fargeat. On est immédiatement saisi par la qualité de la mise en scène, la beauté plastique de la photographie, la colorimétrie léchée et une bande-son électro viscérale qui participe pleinement à l’ambiance du film.
Revenge est un Rape and Revenge qui assume pleinement son statut de série B jouissive, viscérale, et stylisée. Si le scénario reste assez classique pour le genre, c’est par sa mise en scène brillante que le film s’élève, sublimant un canevas attendu pour en faire un vrai moment de cinéma. Coralie Fargeat impose déjà une grammaire visuelle très personnelle, qu’on retrouvera poussée à l’extrême dans The Substance, son second film, récemment très remarqué.
Le film tombe à point nommé, sorti en pleine libération de la parole autour des violences faites aux femmes. Difficile de ne pas y voir un écho social et politique, d’autant que Revenge joue habilement avec les archétypes du genre pour mieux les renverser. On y suit une héroïne d’abord présentée comme une bimbo stéréotypée, objet de désir dans un décor de rêve — une maison luxueuse en plein désert — qui devient très vite le théâtre d’un carnage. Ce contraste entre un lieu paradisiaque et la violence extrême qui s’y déchaîne fonctionne à merveille, accentué par l’utilisation de couleurs chaudes qui tranchent avec le ton glacial du récit.
Le personnage féminin principal, incarné par Matilda Lutz, bénéficie d’un vrai arc narratif. De « blonde de service » à survivante implacable, sa transformation est progressive et crédible, sans jamais sombrer dans la parodie ou l’excès. On est loin de la caricature : c’est une montée en puissance qui donne du relief à son personnage et valorise une forme de féminité combative. Ce n’est peut-être pas un film explicitement féministe, mais il n’en véhicule pas moins une image forte et valorisante de la femme.
Les seconds rôles, notamment Kevin Janssens et Vincent Colombe, sont également convaincants, et participent à la tension omniprésente du film. Celle-ci ne retombe quasiment jamais, maintenant le spectateur dans un état de stress constant, à peine atténué par une ou deux scènes un peu plus longues, notamment vers la fin ou le chat et la souris se tourne autour à travers les couloirs ensanglantés de la maison.
Revenge est donc une excellente surprise. Un film viscéral, tendu, esthétique, qui combine avec talent les codes du genre et une vision d’autrice affirmée. Coralie Fargeat entre par la grande porte du cinéma de genre, avec une œuvre coup de poing qui ne laisse personne indifférent.