Moi, Daniel Blake (2016)

Compétition officielle

Moi, Daniel Blake

Réalisé par Ken Loach

Avec Hayley Squires, Dave Johns
Pays:   Royaume-Uni
Genres : Drame
Durée : 1 h 40 min
Année de production : 2016
7/10

Au terme de dix jours de projection de films en tous genres et de montées des marches sur fond de flashs et de paillettes, la palme d’or est remise à l’habitué Ken Loach (15ème sélection) qui décroche sa seconde palme d’or en 10 ans. Si clairement le film n’est pas mauvais, dans un contexte social qui lui va bien, il n’a pas réellement les épaules pour être si hautement récompensé.

Ken Loach a toujours eu ce don pour dépeindre le plus justement possible la société qui l’entoure. A travers ce film social, il ne fait qu’appuyer sur une simple réalité. Très conventionnelle sur sa réalisation, on suit avec intérêt l’histoire de Daniel Blake, chômeur de 59 ans, qui subit les incompréhensions d’un système. Entre son médecin qui refuse de le voir travailler et l’administration de son pays qui le sanctionne car il ne travaille pas, on se rend compte rapidement du calvaire qu’est la vie d’un chômeur qui veut s’en sortir face à des procédures qui se mordent la queue.

A vouloir réguler les abus, ce qui est pleinement compréhensif, le système cherche à décourager hommes et femmes honnêtes en leur faisant perdre leur amour-propre. Daniel Blake en est un exemple flagrant face à une réalité que nous ne voudrions pas connaitre et pourtant… qui existe! Si la réalisation tourne autour de son personnage central, Ken Loach n’exclura pas de pointer du doigt l’aveuglement de la société quant aux dysfonctionnements qu’elle a elle-même engendré.

Daniel Blake a la main sur le cœur, histoire de rendre la situation un peu plus poignante, et se bat au quotidien pour faire valoir ses droits. Mais quand on approche l’âge de la retraite et que l’on n’a pas connu le monde de la précarité, la conception d’une vie imposée par le système va alors tout changer. Blake, même si dépassé mais loin d’être empoté, va devoir se débrouiller face à une administration rigide, des formulaires numériques et des procédures ingrates. Mais cette précarité nous fait encore plus froid dans le dos quand elle touche une jeunesse pas très adroite. Katie, maman célibataire, pour vivre va devoir fouler les banques alimentaires. Dès lors, on bascule dans un autre monde, celui de la survit. Même si tout n’est pas très joyeux, la coopération des deux individus autour d’un simple bol de soupe nous réchauffe partiellement le cœur, pour apprécier aussi l’humain qui se cache derrière toute cette organisation sociale. Celle qui transforme l’homme en numéro de dossier, quand celui-ci n’a plus sa place dans la société.

Œuvre sincère et engagée, Ken Loach délivre un film authentique d’un monde qui est une réalité grandissante. Même si le film n’a pas la tenue pour avoir sa palme d’or, il a le mérite d’accuser une organisation sociale parfois absurde, qui tente, de son coté, de se protéger des abus. On ne retiendra peut-être pas la palme d’or mais plutôt le discours d’un réalisateur qui proclame haut et fort qu’un autre monde est possible et nécessaire. A travers le cinéma, l’espoir fait vivre.

3 thoughts on “Moi, Daniel Blake (2016)

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