2001, l’odyssée de l’espace (1968)

2001 : L'Odyssée de l'espace

Réalisé par Stanley Kubrick

Avec Keir Dullea, Douglas Rain, Gary Lockwood
Pays:  Royaume-Uni,   États-Unis
Genres : Aventure, Mystère, Science Fiction
Durée : 2 h 40 min
Année de production : 1968
8.5/10

 1968, l’homme n’avait pas encore marché sur la lune et Kubrick réalise un film spatial intemporel. Presque 50 ans plus tard, cette pépite est toujours une sacrée prouesse. Avec une image remasterisée, jamais on a l’impression de voir un film d’un autre temps. Forcé d’être dans la crédibilité, entre technicité, lenteur, virtualité et philosophie, le film questionne dès le départ. Les critiques à la sortie du film sont partagées, tout comme l’impression qu’on a en sortie de film.

Découpé en quatre parties, on débute à l’air du paléolithique, là où un monolithe d’origine inconnue (certainement extraterrestre) va être l’élément clé de l’évolution de l’Humanité. L’outil est inventé, l’homme évolue, la machine se créée. Ce premier acte est une intensité extrêmement forte, par ses images et par sa bande son culte avec Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss.

Le second acte, un des plus courts nous projette dans notre temps à la fin du siècle dernier. Le monolithe se trouve sur la Lune, enfoui délibérément pour prévenir que l’homme est parvenu à l’ère spatiale, décharge une force magnétique et une onde radioélectrique sur Jupiter. Ainsi sera balisé l’évolution de l’homme, nous rappelant aussi Jean Sendy avec sa théorie selon laquelle l’espèce humaine serait façonné à l’image des petits hommes verts. Il aura fallu attendre beaucoup de temps mais l’homme voyage hors du temps et de son espace.

Le troisième acte le plus long, le plus envoutant. Kubrick veut susciter l’angoisse cosmique face à une caméra en perpétuel mouvement. La lenteur est là pour nous confondre dans l’espace, nous plonger dans les abimes, sans son, sans air, avec des lois de la physique totalement bousculées.L’homme doi réapprendre à marcher et manger, face à la machine munie d’une intelligence artificielle, elle entrainera des doutes sur sa fiabilité tout comme sur de la place de l’homme. H.A.L. (comprendre I.B.M.) est un personnage clé dans ce mystérieux voyage. Avec sa voix glaçante, il va être à la fois complice et menaçant. La scène de déconnexion montre une agonie lente et quasi humaine de la machine. Pleine d’ambiguïté, alors que l’homme débranche mécaniquement les mini-monolithes en plexiglas, la machine semble avoir un coté humain avec des sentiments, elle a peur. L’homme se détache de la technologie, celle qu’il a dompté durant des siècles, celle qui l’a fait évoluer au risque de revenir en arrière, face aux fondamentaux. Déclin ou progrès telle est notre évolution?

Entouré de conseillés scientifiques, de nombreuses techniques mises en place par Kubrick sont déroutantes, tout comme sa façon de nous entrainer dans son « délirium » jusqu’à nous laisser face à une image noire durant plusieurs minutes. Beaucoup d’effets spéciaux seront innovants en la matière avec les débuts du motion control. Même si aujourd’hui on comprend rapidement le principe de la roue qui tourne avec cette gravité totalement renversée visuellement, l’effet fonctionne toujours et nous laisse rêveur, tout comme les effets de flottement qui nous questionne sur leur mise en place, en sachant que l’outil informatique était à l’époque peu développé. Accompagné de grands classiques musicaux comme le Beau Danube bleu de Johann Strauss, on est rapidement captivé par cette aventure interstellaire qui va se transformer petit à petit en voyage intérieur.

La dernière partie est celle qui nous questionne le plus. On est happé par la machine de Kubrick — sans elle. L’homme est projeté face à lui même. Face à la vie, à la mort. Je reste cependant dubitatif sur le fœtus, l’enfant étoile signe de renaissance et son interprétation, même si ici la volonté de Kubrick est respectée. Même si fort de sens elle gâche toute la crédibilité mise en avant pour finir sur une note entre poésie et philosophie.

« Vous êtes libres de vous interroger tant que vous voulez sur le sens philosophique et allégorique du film — et une telle interrogation est une indication qu’il a réussi à amener le public à un niveau avancé — mais je ne veux pas donner une grille de lecture précise pour 2001 que tout spectateur se sentirait obligé de suivre de peur de ne pas en saisir la signification. »

Un film expérimental riche, impalpable, complentatif, silencieux, qui peut dérouter, être détesté, avec un fort sens du symbolisme et de l’esthétique. Une œuvre intemporelle, qui laisse la porte ouverte à de multiples interprétations que Kubrick tentera de ne jamais révéler.

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