6.5/10 |
Présenté à la sélection de l’ACID à Cannes, La colline est un documentaire social qui arrive créer le paradoxe dans le paradoxe. En effet, il arrive à faire réagir le spectateur en sortie d’une salle climatisée et confortable, sur les conditions épouvantables de l’homme dans le monde. Comment l’Homme peut-il créer autant de misère et d’inégalité et arriver à proposer cette vision funeste au festival le plus mondain au monde?
Quand l’homme aussi sale qu’un déchet devient un déchet lui-même. Un retranchement pour la survie qui fait froid dans le dos. Un film obsédant qui expose les conséquences de la violence d’État en Russie et les traumatismes personnels et collectifs qu’elle a engendrés. Métaphore de la décadence du monde soviétique, voire actuel, la décharge est un monde à part qui maintient ses habitants prisonniers d’une époque suspendue. Les réalisateurs Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova ont réussi leur immersion dans ce milieu hostile même s’ils se piègent dans un documentaire un peu télévisuel qui se limite à son sujet. Mais cela permet des images saisissantes de visages et de confessions d’êtres marqués par le (mauvais) sort. Au bout de la chaîne de valeur du capitalisme, il y a le symbole ultime de la consommation globalisée : l’ordure. Et au milieu des ordures, des gens usés errants au milieu des gaz toxiques et des flammes. Ici, l’Homme a ainsi perdu son combat avec lui-même!
Un cinéma respectueux, dont la sobre puissance des plans est au service de la fraternité. Cinéma politique, qui, sans discours en surplomb dévoile l’inacceptable. Glaçant!