Colline (La) (2022)

La Colline

Réalisé par Denis Gheerbrant, Lina Tsrimova

Pays:  Belgique,   France
Genres : Documentaire
Durée : 1 h 17 min
Année de production : 2022
6.5/10

L'ACID - LA COLLINEPrésenté à la sélection de l’ACID à Cannes, La colline est un documentaire social qui arrive créer le paradoxe dans le paradoxe. En effet, il arrive à faire réagir le spectateur en sortie d’une salle climatisée et confortable, sur les conditions épouvantables de l’homme dans le monde. Comment l’Homme peut-il créer autant de misère et d’inégalité et arriver à proposer cette vision funeste au festival le plus mondain au monde?

La Colline exhume les restes fumants de l’Union soviétique entre barbaries, guerres et misères sociales. Le documentaire démontre ce que nous oublions ou ne voulons pas voir.  Une pauvreté qui n’existe d’ailleurs pas dans notre pays à un tel niveau. Pour ne pas se transformer en monstre tueur de civil, un vétéran des guerres de Tchétchénie, le visage noirci, est venu survivre à l’extérieur de Bichkek, la capitale du Kirghizistan. Face à des images impressionnantes d’une colline d’ordures qui fume et rougeoie dans la nuit, cette poubelle à ciel ouvert accueille des dizaines de femmes, d’hommes et parfois d’enfants qui fouillent plastique, verre, métal et surtout ordures. Ils sont toujours sales au contact des détritus et même le COVID n’est pas arrivé à eux. La vodka comme moyen de survit, de désinfectant et de libérateur pour ne plus être en état de se battre. Là un homme malade gît sur un matelas. Puis des centaines d’hommes et de femmes en mode survie à arpenter nos déchets! La dignité n’est plus, l’ignobilis à son paroxysme!

Quand l’homme aussi sale qu’un déchet devient un déchet lui-même. Un retranchement pour la survie qui fait froid dans le dos. Un film obsédant qui expose les conséquences de la violence d’État en Russie et les traumatismes personnels et collectifs qu’elle a engendrés. Métaphore de la décadence du monde soviétique, voire actuel, la décharge est un monde à part qui maintient ses habitants prisonniers d’une époque suspendue. Les réalisateurs Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova ont réussi leur immersion dans ce milieu hostile même s’ils se piègent dans un documentaire un peu télévisuel qui se limite à son sujet. Mais cela permet des images saisissantes de visages et de confessions d’êtres marqués par le (mauvais) sort. Au bout de la chaîne de valeur du capitalisme, il y a le symbole ultime de la consommation globalisée : l’ordure. Et au milieu des ordures, des gens usés errants au milieu des gaz toxiques et des flammes. Ici, l’Homme a ainsi perdu son combat avec lui-même!

Un cinéma respectueux, dont la sobre puissance des plans est au service de la fraternité. Cinéma politique, qui, sans discours en surplomb dévoile l’inacceptable. Glaçant!

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