Metropolis (1927)

Le médiateur entre le cerveau et les mains doit être le coeur

Metropolis

Réalisé par Fritz Lang

Avec Brigitte Helm, Alfred Abel, Gustav Fröhlich
Pays:  Allemagne
Genres : Drame, Science Fiction
Durée : 2 h 30 min
Année de production : 1927
8.5/10

De Metropolis ne demeure que des copies incomplètes de versions raccourcies ou modifiées (c’est stipulé au début de film). Plus de 25% du film original est considéré comme perdu. Depuis l’été 2008, soit 80 ans plus tard, la Fondation Friedrich Wilhelm Murnau assure que le film va pouvoir être remonté et présenté dans une version extrêmement proche de celle voulue par Fritz Lang puisque par chance la version complète du film a été retrouvé chez un particulier en Argentine. C’est le 12 Février dernier, que la version longue fût diffusée pour la première fois sur Arte en direct du 60e Festival de Berlin et c’est aujourd’hui que je m’en mords les doigts de pas avoir pu le voir – mais le DVD de cette version devrait sortir prochainement. C’est un vieux fantasme des fans du réalisateur qui se réalise.

C’est une oeuvre à contempler véritablement dans son époque. Filmé en 1925, il est remarquable de voir la prouesse de Fritz Lang à montrer un long-métrage fort qui suscite de nombreuses interprétations jusqu’à en faire des comparatifs avec le mouvement Hitlérien. Le film est découpé en 3 parties:

  • I. Prélude: C’est la plus grande partie du film qui impose le contexte politico-économique de la ville qui a priori n’est pas daté dans le temps au vu de l’aspect futuriste de la ville.
  • II. Intermezzo: Petite partie du film qui va mettre en avant un certain changement à venir.
  • III. Furioso: La partie la plus riche du film animée par une véritable révolution dans le monde industriel, économique, social et politique.

I. La ville est le personnage principal du film. Métropolis fascine. Il est impressionnant de voir que la ville est structurée comme une pyramide strictement hiérarchisée (peut être toujours le même cas dans certaines multinationales). Aux étages supérieurs, l’élite de la ville, qui mène une vie agréable. Au milieu, la classe social dite « normale ». Et tout en bas, les classes inférieures agglutinées dans les entrailles de la ville, où se trouvent leurs logements collectifs et leurs lieux de travail avec la dureté des conditions de vie qui est énormément souligné durant la première partie du film.

II. Puis le changement interviendra lorsque Rotwang créateur du robot « Maria » maléfique va inciter les masses à se rebeller et aussi indirectement pointer du doigt l’importance des classes inférieures. La véritable révolution est le robot pour la première fois visible sur un grand écran, encore peu rependu dans les mœurs de l’époque. La fausse Maria a un comportement complètement déréglé: elle prononce des discours ardents, avec des grimaces sardoniques, tout en se livrant à des danses diaboliques (ça m’a fait vraiment bizarre de voir ses mouvements rapides et très symétriques qui provoquent un certain mal-être).

III. La fureur aveugle des masses ouvrières est exceptionnellement bien montrée, ils envahissent l’usine souterraine, en saccageant tout sur leur passage. La B.O dans ce moment intense du film rappelle étrangement  »La Marseillaise ». L’utilisation de cet hymne pour accompagner la révolte dans le film semble tout à fait adaptée, alors que la Marseillaise a encore cette empreinte de chant révolutionnaire. La musique fût reprise en 1984 par Giorgio Moroder qui acheta les droits du film pour en faire une version « rock new wave » décriée par les plus grands fans de l’œuvre original de Friz. J’espère que cette version y sera sur le prochain DVD, juste pour ma curiosité de voir le film sous un autre angle.

L’interprétation est également à la hauteur, Brigitte Helm s’avère au début du film très médiocre, elle en fait trop (même si il est difficile de dire ça vu qu’il ne doit pas être simple de faire passer un message sur un film muet). Elle se révèlera fabuleuse dans son double rôle diabolique. A la fois sainte et harpie elle porte le film avec l’intensité de son rôle. La Maria satanique en deviendra la Jeanne d’arc de Métropolis en créant son groupe de révolutionnaire mais finira aussi comme la « pucelle »: sur le bucher.

Metropolis est l’une des premières œuvres de science fiction dans le monde industriel montrant des milliers d’ouvriers marchant les uns après les autres sans réfléchir, une vision sombre mais réaliste du système dans lequel nous vivons encore aujourd’hui (même si de façon différente) et que Charles Chaplin montrera dans les années 30 avec le rire dans l’excellent « Les temps modernes ». Métropolis est le seul film à figurer au patrimoine mondial de l’UNESCO, et reste le sommet incontestable du cinéma allemand, et la base de tous les films de sciences fiction.

Monument du 7ème Art, Metropolis est avant tout un film qui fascine par le mystère qui l’entoure depuis plus de 80 ans.

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