Zone d’intérêt (La) (2024)

Synopsis: Le commandant d'Auschwitz Rudolf Höss et son épouse Hedwig réalisent sur un terrain directement adjacent au mur du camp leur vision d'une vie de rêve avec une famille nombreuse, une maison et un grand jardin. Cependant, lorsque Rudolf doit être muté à Oranienburg, leur petite vie idéale menace de s'effondrer et il cache l'information à son épouse. Quand Hedwig l'apprend, elle refuse de quitter sa maison de rêve.

 

La Zone d'intérêt

Réalisé par Jonathan Glazer

Avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus
Pays:  Pologne,   Royaume-Uni,   États-Unis
Genres : Histoire, Drame, Guerre
Durée : 1 h 45 min
Année de production : 2023
4.5/10

Il aura fallu près d’un an pour que je redonne une chance au film après avoir été assommé durant le Festival de Cannes de l’année dernière. Malheureusement, même si l’ambiance est dérangeante, La Zone d’intérêt pousse la curiosité autant que l’embarras. Les premières minutes sont ambitieuses sur le traitement, on comprend bien le point de vue original adopté par le réalisateur, mais un sentiment de vide se fait ressentir rapidement. La vie quotidienne de la famille Höss continue et n’est pas très engageante.

L’émotion est étonnamment absente, avec les jeux des acteurs d’une froideur absolue. Un parti-pris qui permet de souligner la déshumanisation de cette famille qui s’oppose à la violence et à la cruauté de l’homme à quelques mètres d’eux. On a encore du mal à comprendre l’esprit de ces funestes sanguinaires surtout quand Rudolf Höss déambule dans le jardin et referme d’un geste machinal le robinet de sa douche que quelqu’un a mal fermé. Un peu comme si rien, absolument rien, ne devait perturber l’ordre des lieux, ni troubler le sommeil de sa famille.

Œuvre radicale, glaçante, l’aspect esthétique comme le parti-pris intellectualisant son contexte sont finalement gênants sur un tel sujet. On y retrouve la complexité des messages sous-jacents de chaque plan de Jonathan Glazer, qui s’est déjà fait un nom de « dépoilant » Scarlett Johansson sur son précédent film.

Sans jamais citer l’atrocité des camps, les cris, les bruits de tirs ou encore la fumée constante sortant des cheminées assommant le spectateur, on a envie de crier au génie autant qu’à l’ennui. Ce film nous conduit au cœur d’un univers totalement déshumanisé, qui utilise les uniformes nazis et leur organisation impeccable et glaçante pour esthétiser ce qu’il dénonce. La misère de la condition humaine et l’incompréhensible scandale de la banalité du mal nous pousse à vouloir faire parler du film car il arrive à nous marquer. Mais sa dynamique nous incite aussi à le fuir.

Idée originale, contexte provoquant avec le décalage du quotidien d’une famille Allemande mitoyen avec les camps de concentration. Mais au-delà de l’idée, rien ne transparaît du film, si ce n’est faire ressurgir les atrocités du passé. Pour la mémoire.

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