Visiteurs: la révolution (Les) (2016)

Hourra, c’est plus laïque!

Les Visiteurs : La Révolution

Réalisé par Jean-Marie Poiré

Avec Jean Reno, Christian Clavier, Franck Dubosc
Pays:   France
Genres : Comédie
Durée : 1 h 50 min
Année de production : 2016
3/10

Les visiteurs, premier du nom, fait partie des comédies françaises vraiment drôles et inspirées. Depuis 1993, je ne compte plus les multiples visionnages et répliques cultes qu’on exploite à bon escient dans notre culture. Tellement admirateur du voyage dans le temps et de l’humour signé Jean-Marie Poiré qui en découle, que j’étais un des rares à avoir apprécié la suite, alors que la répétition des gags rend pourtant l’œuvre moins intéressante. Même le remake américain me fait rire, alors que les gags sont moins originaux avec des personnages quelque peu métamorphosés pour coller avec l’humour outre-Atlantique. Un état des lieux qui permet de dire que ce nouvel opus était une véritable attente, se situant dans la juste ligne directrice, là où on avait laissé nos des deux gueux. J’étais déjà convaincu même avant qu’il sorte sur nos écrans, préparant mes zygomatiques à s’exécuter.

Mais quelle déception! Cet opus rentre au panthéon des suites réanimées bien des années plus tard et ne fonctionne plus, ni sur la structure de base du scénario, ni même sur l’humour. La « mise au point » en début de film avec le résumé des deux précédents films est totalement inutile et en devient presque insultant pour le spectateur. Tout comme les premières images en l’an 1123 qui n’apporte rien de concret, en plus ne pas être réutilisées dans l’intrigue plus tard. Pendant ce temps-là, euh pardon…. Dans un autre temps, durant la révolution, le contexte ultra-sérieux déployé nous laisse penser que l’on s’est trompé de film, alors que Godefroy et Jacquouille sont bel et bien de la partie!

Les personnages ne sont plus aussi bidonnants, le scénario s’éloigne de la bonne comédie franchouillarde pour se transformer en film « historique » tellement il en devient chiant, circonspect et affligeant. Si le phrasé de Jacquouille peut prêter à « glousser », l’environnement cacophonique ne permet plus de les assimiler et d’en rire. Face à un déballage de personnages qui passent leur temps à gueuler, on ne comprend plus les ambitions de chacun. Chacun prêche pour sa paroisse, il n’y a aucune cohésion, une drôle d’impression de voir des personnages peu assortis, interprétés par un ramassis d’acteurs non convaincants. Usant de l’usurpation d’identité, les personnages deviennent confus, et le scénario décousus et surtout peu inspiré. La seule bonne idée scénarisée est d’avoir justifié l’embonpoint et l’âge plus avancé des deux acteurs afin de coller aux deux autres films.

Nos deux larrons, toujours vaillant 20 plus tard, n’exploitent plus leur complicité, ni leurs complémentarités. Ils en deviennent la caricature d’eux-mêmes. Christian Clavier est le seul à s’investir pleinement dans l’aventure. Jean Reno semble s’ennuyer et pourrait passer pour un figurant à l’œil hagard entouré de la nouvelle génération d’acteurs et d’humoristes qui tentent de détrôner le patriarche. Karin Viard essaye de nous rappeler Valérie Lemercier, mais elle ne lui arrive pas à la cheville. Franck Dubosc, Alex Lutz, Sylvie Testud et Ary Abittant pourtant bel et bien présents dans des rôles bien définis n’apportent pas grand chose de consistant, ni sur l’intrigue, ni dans l’humour. Marie-Anne Chazel est la seule à ne pas avoir changé, sauf que c’est son rôle qui est pauvre, loin de la déjantée M’dame Ginette. Jean-Paul Marat, personnage qui cherche à justifier une époque, est totalement inutile et parasite. L’idée de vouloir jouer avec son tableau qui a fait de lui sa notoriété est absurde et n’a aucun sens, comme si une blague autour du personnage avait été avortée. Le seul passage qui aurait pu être intéressant, lors du repas avec Robespierre avec une montée en pression, est finalement bâclé et ne sera aucunement à la hauteur du repas des années 90 avec Béatrice et Jean-Pierre de Montmiral.

On pourrait aussi reprocher un film aussi « François » d’avoir été tourné à l’étranger (Prague), tout comme le remake US, regrettant un succès fourvoyé. En tout cas il y a une certitude qui se cache derrière cette suite qu’on le veuille ou non: la magie, le mystère, la drôlerie, les jeux de mots des premiers films ne sont plus et c’est désolant. Les gags sont réchauffés, l’haleine fétide des dialogues offre un rendu beaucoup moins moderne et ambitieux. Les scènes de nuit tournées en plein jour affublées d’un filtre bleu sont tout simplement hideux. Et le pire c’est de croire qu’on va nous pondre un quatrième opus, même si je serai ravi de rire avec nos deux héros, mais pour ça faudrait-il être autant inspiré qu’en l’an 1993! Même Eric Levy n’a pas été convaincu de réécrire une musique digne de ce nom et va recycler sa bonne vieille partition.

Le côté mélancolique sauve ma note du naufrage mais c’est avec déchirement que j’estampille cette suite comme une belle bouze. Messire, fuyez, ça puire, c’est de la merdasse!

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