Diaboliques (Les) (1955)

Les diaboliques

Réalisé par Henri-Georges Clouzot

Avec Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse
Pays:   France
Genres : Drame, Horreur, Thriller
Durée : 1 h 56 min
Année de production : 1955
8/10

Comme son nom l’indique, Henri-Georges Clouzot signe un film policier diabolique avec un sens aigu de la manipulation. Avec une réalisation non conformiste, le réalisateur contera son intrigue au travers des yeux des meurtriers qui mèneront l’enquête. A l’instar du maître du suspense britannique, H-G Clouzot joue autant avec ses acteurs qu’avec son spectateur. Avec son histoire qui évolue consentement et son talentueux casting, on ne boudera pas son plaisir.

Dans un univers strict, là où l’éducation des années 50 était intransigeante, les enseignantes vont se révéler être un mauvais exemple. Dès le départ, on est mis à contre-pied face à la liaison triangulaire qu’entretiennent les trois personnages principaux. Si elle n’est jamais réellement montrée, on constate les tensions et toute la machinerie qui va se mettre en place pour faire disparaitre l’effrayant personnage diabolisé par la brillante interprétation de Paul Meurisse. Face à la maitresse plus mature et plus forte et l’épouse plus sensible, on aurait pu croire au début que les rôles étaient inversés. Mais là clé de l’intrigue se situera bien dans l’excellent choix des actrices.

Renforcé par une très belle photographie en noir & blanc, le sentiment fort de culpabilité et d’angoisse se fait ressentir à chaque instant. La tension monte à son paroxysme à chaque fois qu’un individu rôde autour de la piscine. Nous sommes estomaqués lorsqu’on constate que le corps n’est plus là ! C’est à ce moment qu’on sent qu’on nous manipule et ça fonctionne. D’un policier rationnel, on bascule parfois dans le surnaturel, surtout quand le visage du directeur fait une apparition sur la photo de classe. L’atmosphère angoissante étouffe le spectateur, même si la mise en scène efficace de l’époque reste pondérée. Par contre, on ne remerciera pas Arted’avoir spoilé le film dans sa présentation d’avant-film en montrant un unique plan, celui de Michel Delassalle qui retire ses lentilles . Une scène que j’attendais et qui m’a donc bien ébranlé le twist final.

Le parallèle ne pouvait être évité. D’une cinglante cruauté, le film inspira Alfred Hitchcock qui se rapprochera des écrivains Boileau-Narcejac pour en adapter un de leurs romans qui deviendra quelques années plus tard l’excellent Sueurs froides. D’ailleurs, le petit texte à la fin du film de Clouzot: « Ne soyez pas diaboliques! Ne détruisez pas l’intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film! Ne leur racontez pas ce que vous avez vu » [Arte n’a pas dû bien comprendre le message!], sera aussi repris par Hitchcock d’une autre manière, en refusant les spectateurs qui rentreront en retard au cinéma sur la projection de Psychose. Aujourd’hui, on devrait revenir sur certains de ses principes, au nom du 7ème art!

A savoir que le film est totalement dénué de musique, si ce n’est dans le générique. Une bien courte composition de 2 min 21, une particularité suffisamment rare pour le souligner, surtout quand l’image arrive à s’étayer sans artifice musical.

Un film noir au casting brillant dont l’angoisse irrépressible rend l’œuvre moderne et intelligente. Inventif, captivant et esthétique, Clouzot a trouver la recette diabolique. Une vraie leçon de cinéma made in France.

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