Synopsis:
Réalisé par Avec Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît PoelvoordePays: Genres : Comédie, Thriller Durée : Année de production : |
6/10 |
Un ours dans le Jura n’a pas peur d’afficher ses références, et c’est peu dire que le film transpire l’amour des frères Coen, jusque dans ses plans enneigés et ses personnages baroques. Franck Dubosc, ici derrière la caméra, rend un hommage appuyé au polar rural décalé, en y injectant une bonne dose d’humour noir à la française. Le résultat ? Un film bancal, parfois attachant, souvent maladroit, mais qui a le mérite d’oser.
Dès les premières scènes, on sent le plaisir du réalisateur à faire évoluer sa galerie de personnages dans un univers absurde : un couple aux secrets embarrassants, un gendarme dépassé et sa brigade d’amateurs, des trafiquants pas très futés… Le tout se déroule dans un Jura hivernal magnifiquement filmé, offrant une vraie identité visuelle au film. La rudesse des paysages, les routes désertes, les hameaux figés dans le froid : le décor est là, solide, presque plus convaincant que le scénario lui-même.
Car si le cadre séduit, le fond lui, vacille. Le film enchaîne les situations saugrenues avec un ton volontairement décalé, mais le scénario, un brin décousu, peine à maintenir l’intérêt sur la durée. Certaines scènes traînent, d’autres tombent à plat, et malgré quelques rebondissements, le rythme patine régulièrement. La fin, alambiquée et expéditive, laisse une impression d’inachevé, comme si Dubosc ne savait plus trop comment boucler son récit.
Côté casting, Benoît Poelvoorde conserve son mordant habituel, dans un rôle acide qui lui colle bien à la peau. Mais c’est Franck Dubosc lui-même qui surprend le plus : il troque ses mimiques habituelles pour un rôle plus rugueux, plus sobre, presque authentique. Et franchement, ça fonctionne. Ce nouveau rôle, plus réaliste, plus terre-à-terre, intrigue autant qu’il convainc. On en viendrait presque à penser qu’il est meilleur quand il se dirige lui-même.
Reste que si l’ambiance hivernale et l’humour absurde séduisent par moments, Un ours dans le Jura souffre de personnages trop appuyés, de dialogues parfois caricaturaux, et d’un manque de rythme dans son écriture. On aurait aimé plus de nuances, plus de profondeur, pour donner du corps à cette farce sanglante et glacée. Enfin, l’ambiance musicale, à l’image du film, oscille entre douceur nostalgique et irrévérence assumée, passant de L’amour comme à 16 ans de Marie Laforêt à Les Nuits d’une demoiselle de Colette Renard.
Une tentative audacieuse, pas toujours maîtrisée, mais qui a le mérite d’exister. À réserver aux amateurs de curiosités rurales et de comédies noires un peu cabossées.