Réalisé par Avec Tim Robbins, Morgan Freeman, Bob GuntonPays: Genres : Drame, Crime Durée : Année de production : |
8.5/10 |
Film marquant des années 90, Les évadés est adapté des rares écrits non-fantastiques et donc purement réaliste d’un roman de Stephen King. Si bien qu’on pense souvent le film tiré d’une histoire vraie, d’autant plus que la finalité est proche des événements de la nuit du 11 juin 1963 à Alcatraz.
Échec commercial lors de sa sortie, le film a depuis fait sa rédemption en faisant valoir ses qualités pour devenir aujourd’hui un film culte. Le réalisateur Frank Darabont s’immisce avec brio dans le milieu carcéral qu’il retrouvera quelques années plus tard avec la Ligne verte. Débutant sur le procès d’Andy Dufresne, accusé du meurtre de sa femme et de son amant, le ton désespéré de l’acteur Tim Robbins qui l’interprète, a tout pour nous faire penser qu’il est innocent.
De là, va en découler un attachement à cette personnalité qui va purger sa peine tant bien que mal. Le réalisateur Franck Darabont aime ses personnages et cela se ressent par une tendresse implicite sur les plans qui leur sont dédiés. Au-delà du procès d’intention, le scénario replace l’Homme au centre de l’histoire avec ses erreurs, ses faiblesses, ses bas instincts, mais surtout avec ses rêves, ses espoirs, son désir de rédemption et celui de tisser des liens d’amitié. L’histoire propose de jolis moments de solidarité entre le partage de bières sur le toit de la prison, la diffusion de Mozart au sein de la prison ou la recherche de pierres pour les sculptures d’Andy. Ces séquences remplissent d’espoir le spectateur qui ne cherche jamais à détester les détenus de Darabont.
Tim Robbins prête son visage fin et froid à un personnage malin, ambigu et finalement généreux sous une carapace calculatrice. Morgan Freeman porte l’ensemble du récit en tant que narrateur, mais également par son immense interprétation bienveillante. Les deux acteurs créent ensemble une composition intéressante et touchante. Pour contre-balancer les beaux personnages, Darabont nous offre aussi quelques belles pourritures. Au milieu de ce foutoir figure souvent les restes d’une humanité qui font grincer des dents. Ainsi, le directeur de la prison et son pire surveillant vont mener la vie dure à certains détenus, dont notre [gentil ou manipulateur] Andy. Ce genre de protagonistes que l’on aime détester et que l’on apprécie dans leur plus haute autorité pour mieux apprécier leur chute.
Par contre, faudra me trouver le crétin qui a créé le plus grand « spoil » de l’histoire du cinéma en traduisant The Shawshank Redemption en Les évadés. En plus de ne pas voir que le film ne parle pas d’évasion et qu’il n’y aura jamais plusieurs évadés, il gâche indirectement l’effet de surprise. Enfin, peu importe, la renaissance finale d’Andy, bras levés, sous la pluie le lavant de ses pêchés [sans savoir s’il est véritablement coupable], sous les tonalités composées par Thomas Newman, restera une des plus belles conclusions de cinéma.
Les évadés est une ode à l’amitié, à la persévérance, à l’espoir et à l’humanité sous les traits intelligents d’un homme qui ne cherche qu’à retrouver sa liberté morale et physique.